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grève des scénaristes US - revue de presse 2

La grève des scénaristes américains inquiète les chaînes françaises

lundi 24 juin 2013, par dgerald77

La grève des scénaristes américains commence à inquiéter les chaînes de télévision françaises, qui depuis quelques années engrangent l’essentiel de leur audience avec les séries importées d’Hollywood.

LE MONDE | 19.01.08 |

La grève des scénaristes américains commence à inquiéter les chaînes de télévision françaises, qui depuis quelques années engrangent l’essentiel de leur audience avec les séries importées d’Hollywood. Le mouvement dure depuis le 5 novembre 2007, mais les scénaristes campent toujours sur leurs positions. Ils réclament notamment des royalties pour la diffusion des films et des séries sur Internet. Faute de scripts, les tournages de toutes séries sont arrêtés. “Les Experts” de TF1, “FBI, portés disparus” de France 2, tout comme “Prison Break” de M6 sont au chômage technique.

“Le plan de crise n’est pas du tout déclenché à ce jour”, rassure Laurent Stoch, directeur des acquisitions de TF1. Mais en pratique, le mouvement des scénaristes devrait produire ses premiers effets à l’antenne sur les chaînes françaises dans un an. “Si la grève n’est pas terminée au mois de mai, il faudra vraiment que nous nous posions des questions sur ce que l’on fait en 2009“, explique M. Storch. Cette année, “Les Experts” ou le “Docteur Mamour” de “Grey’s Anatomy” seront encore fidèles au poste. Grâce au décalage avec les télévisions américaines. Ainsi TF1 va-t-elle démarrer la septième saison des “Experts” début février, au moment où, aux Etats-Unis, les téléspectateurs regardent la huitième saison de cette série policière.

En revanche, dès janvier 2009, “toutes les chaînes du monde entier se retrouveront avec seulement des demi-saisons”, déplore le directeur des acquisitions de TF1. La faute aux méthodes de tournage en vigueur à Hollywood. Les vingt-quatre épisodes de chaque saison sont tournés en deux périodes interrompues par les vacances de Noël. “Canal+ a toute l’année 2008 couverte”, précise Rodolphe Belmer, directeur général de Canal+. La chaîne cryptée commencera de souffrir en janvier 2009. “La septième saison de “24 Heures” n’a pas été tournée sauf quelques épisodes”, révèle M. Belmer. Il prévoit que celle-ci “sera décalée au premier semestre 2009 sur Canal+. Si la grève s’arrête…” “Desperates Housewives”, l’autre série phare de la chaîne à péage, devrait ausi pâtir du conflit. La demi-saison dont dispose Canal+ doit être programmée en septembre ou en janvier 2008, mais après, c’est l’inconnu.

OXYGÈNE POUR LA FICTION FRANÇAISE

Pour faire face, les chaînes veulent puiser dans leurs réserves. “Paradoxalement, la grève arrive à un moment où nous avons un maximum de nouvelles séries à mettre à l’antenne”, veut croire Arnaud Boucher, directeur de la programmation de M6. Selon lui, “Kyle XY”, “Shark”, “Dammages” ou encore “Women’s murder club” devraient remplacer avantageusement “Prison Breack” ou “NCIS”. “Elles ont fait leurs preuves sur les chaînes de la TNT du groupe”, insiste M. Boucher. “Kyle XY” ferait partie des meilleures audiences de la chaîne W9, avec près de 600 000 téléspectateurs… très loin cependant des 4, 6 millions de téléspectateurs de “Prison Break” ou des 10 millions de fidèles des “Experts” sur TF1.

ecrireEn guise de “plan de crise”, la Une va se retourner vers les séries françaises. “La grève pourrait apporter une énorme bouffée d’oxygène à la fiction française”, annonce M. Storch. Mais aussi au cinéma. TF1 songe à faire passer le nombre de ses soirées cinéma, qui ont été 60 en 2007, à 80. Sur France 2, Sophie Gigon, directrice des acquisitions et de la jeunesse, a cherché d’autres sources d’approvisionnement : “Depuis un an, nous nous sommes tournés vers d’autres marchés : le Canada et les Pays-Bas.”

M6 pourrait être la première touchée par la grève. Officiellement, c’est pour “innover en matière de programmation et limiter le piratage”, que la chaîne a programmé “Prison Break” avec seulement quelques épisodes de décalage avec les Etats-Unis. Dans quelques semaines, la chaîne sera à court d’épisode. Cela pourrait peser sur ses recettes publicitaires. Le spot de 30 secondes lors de l’écran de coupure de “Prison Break”, le plus cher de la chaîne, est facturé 70 000 euros. Sur TF1, le spot le plus cher , dans l’écran de coupure des “Experts”, vaut 125 000 euros. “Joséphine ange gardien”, de loin la plus performante des fictions françaises, est loin de ces sommets. Le spot le plus cher ne coûte “que” 85 000 euros.

La grève pourrait fragiliser les télévisions généralistes face à des chaînes de la TNT qui ne cessent de gagner des parts de marché.

Guy Dutheil CALENDRIER D’UNE SÉRIE C’EST ENTRE FÉVRIER ET MAIque le premier épisode d’une série télévisée américaine, le “pilote”, est traditionnellement tourné.EN MAI

, le pilote peut ainsi être présenté aux “screenings”, ces visionnages organisés chaque année à Los Angeles par les studios américains pour les chaînes du monde entier.DE MAI À OCTOBRE.

Si le “pilote” a séduit, les trois à quatre premiers épisodes de la série sont tournés entre mai et septembre. La série est programmée à l’antenne des chaînes américaines entre la dernière semaine de septembre et la troisième semaine d’octobre.D’OCTOBRE À JANVIER.

Une série, qui compte en moyenne 24 épisodes par saison, est tournée en deux temps. Les douze premiers épisodes sont “mis en boîte” avant Noël, les douze suivants sont produits à partir de janvier.

part 2

50 versions d’un même scénario

LE MONDE |

a grève à Hollywood est l’occasion de braquer les projecteurs sur une profession périlleuse. “Pour 95 % des scénaristes américains, la vie est vraiment difficile. Elle n’est aisée que pour 5 % d’entre nous”, explique Howard Himelstein, qui fut assistant réalisateur de Woody Allen et de Sidney Lumet avant d’écrire des scénarios et de passer à la réalisation. Himelstein et trois autres auteurs américains viennent de passer six semaines en résidence à l’abbaye de Royaumont (Val-d’Oise) pour terminer un scénario.

Baptisée “Autumn Stories”, cette initiative revient à la commission du film d’Ile-de-France et au Fonds culturel franco-américain, qui regroupe la Sacem et trois syndicats américains représentant les majors hollywoodiennes, les scénaristes et les réalisateurs.

Aux Etats-Unis, les scénaristes doivent systématiquement appartenir à la Writer’s Guild of America (WGA), syndicat fondé en 1933, qui compte aujourd’hui plus de 12 000 membres. Ne pas en faire partie, c’est se fermer l’accès aux studios. Himelstein dresse un constat sévère. “Sur les 50 000 scénarios écrits chaque année aux Etats-Unis, seuls 3 000 deviendront un film, et un millier seront mis en développement.” Si, en France, un producteur fait, de façon très parcimonieuse, appel à plusieurs scénaristes pour modifier la copie initiale, c’est depuis longtemps la règle aux Etats-Unis.

“Pour des gros films comme X Man ou Spiderman, on compte plus de cinquante versions du scénario. Les studios mettent souvent quatre à cinq ans pour faire un film”, souligne un autre résident de Royaumont, Mark Wheaton, scénariste de The Messengers, film produit par Sam Raimi. Des scénaristes ou des script doctors - chargés de relancer des scénarios jugés faibles - peuvent être appelés à la rescousse et fort bien payés.

“CRITIQUES CONTRADICTOIRES”

Le fait de figurer ou non au générique d’un film américain est loin d’être anodin : cela permet d’être intéressé financièrement au succès du film. La WGA, qui a pourtant élaboré des barèmes financiers très précis pour chaque collaboration apportée à l’élaboration du scénario d’un film, doit souvent faire face à des contentieux entre studios et scénaristes.

Trois membres de la WGA sont alors priés de lire toutes les versions du scénario du film afin de départager les protagonistes. Et rendre à leur auteur chaque ajout de personnage, de décor, d’étape dans la narration… “C’est parce qu’il y a beaucoup trop de versions que les films américains ne sont plus bons. Quand des grosses blagues sont rajoutées dans un scénario qui n’est pas censé être drôle, il faut abandonner toute idée de faire un film d’auteur”, souligne Howard Himelstein.

C’est la raison pour laquelle il est devenu réalisateur et producteur. “Au moins, je contrôle mon destin. A l’abri des critiques contradictoires des bureaucrates des studios.” Il compte produire lui-même son prochain film, Svengali, qui s’attache à un hypnotiseur dans le Paris du XIXe siècle. Il est aussi en France pour monter sa coproduction.

Des parcours atypiques et des scénarios étonnants, ce sont les critères qui ont, semble-t-il, défini le choix par la WGA des résidents de Royaumont, Himelsetein, Randy Howze, James Greer et Wheaton, dont le projet pourrait être tourné à Bondy, en Seine-Saint-Denis. C’est aussi l’une des ambitions de la commission du film d’Ile-de-France : faire venir des tournages internationaux, en attendant que Paris s’aligne sur les autres capitales européennes pour offrir à Hollywood des conditions fiscales alléchantes.

Nicole Vulser

Article paru dans l’édition du 23.11.07


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